λατρεία μου, ça veut dire "mon amour". dans quelque langue que ce soit, ce sont des mots que je souhaite à tous d'avoir prononcé un jour. en avoir connu le vertige, l'implicite abandon de soi qu'ils supposent. cet instant de transcendance qu'ils inscrivent dans une relation, ce "point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée, et par quoi ??? : un point de magique utilisation des choses." pour citer Artaud.
voilà que tous ces derniers jours, privé de mon amour, je me suis laissé absorber par le débat à l'Assemblée Nationale, de bruit de fond, l'émission est devenue le moment fort de mes journées. voir vivre, dans son cadre naturel rouge et or, cette petite communauté d'élus, donc de gens bien, s'imaginant débattre du droit des autres m'a positivement ravi. moi, jadis farouche opposant du mariage en tout genre, il m'a d'abord fallu déminer mes propres contradictions. assumer mon propre débat interne. dilemme vite résolu à l'écoute de l'argumentaire réactionnaire. en effet, le mariage ne fut qu'un prétexte, et très vite ces esprits supérieurs y substituèrent des termes repoussoirs : PMA, GPA comme autant d'alarmantes poupées vaudou toutes prêtes à nuire, chacune représentant, dans l'exposé, l'aboutissement dramatique du danger homosexuel. mais aussi le danger de la science, cette folie sur laquelle on s'appuie sans en rien maîtriser, et pire encore, dont les lois s'opposent diamétralement à celles de la Nature éternelle et matricielle si souvent invoquée ces jours-ci. le ridicule absolu de certains intervenants venant opportunément garantir le sérieux de leurs complices. comme au théâtre. affaire de dosage, la pièce fut bonne, de toute façon la fin était connue de tous.
cependant comme dans toute farce, il y a, par sa négation même, le point de vue tragique qui l'inspire. ce drame social dont émane son délire.
vu de mon coin, le fait de remettre en cause l'actuel cadre social ne me pose pas problème intellectuellement, même s'il en va parfois différemment au quotidien... mais le risque de l’émergence de l'affirmation homosexuelle dans les dogmes de la morale petite bourgeoise est patent. ce système patiemment élaborée des siècles durant sur des axiomes judéo-chrétiens arrangés et des classifications d'Ancien Régime, reprend à son compte le modèle de la Valeur Morale partagée garantissant l'aliénation des petits et interdisant l'émancipation des différences. l'argument qui fait du mariage pour tous le ralliement d'un groupe marginal à ces valeurs n'illusionnera qu'un temps les plus crédules. la revendication réelle est la visibilité sociale, la normalisation, la banalisation. il ne s'agit pas d'un phénomène de groupe mais d'un phénomène humain beaucoup plus ample qui induit de larges évolutions culturelles. il n'y a de ralliement qu'à l'individualisme qui est la revendication dominante depuis près d'un siècle. la liberté individuelle est une notion tellement neuve que le législateur lui court sans cesse derrière pour en imaginer des contours.
le mouvement s'accélère, la libération serait-elle proche? à en croire les argumentaires déroulées contre nous, cette proximité me semble devoir se compter sur des échelles de temps géologiques.
maintenant tango et instants de poésie pure :
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